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Qui annule quoi ?
Et si plutôt que de reprendre le terme disqualifiant de « cancel culture », on parlait de culture de la protestation ? Les mouvements dont il est question n’effacent pas (c’est une prérogative du pouvoir) : ils protestent, mettent en lumière et interrogent notamment l‘Histoire telle qu’on l’écrit et telle qu’elle nourrit les discriminations actuelles. L’autrice questionne pour l’exemple le déboulonnage des statues, mais aussi leur présence dans l’espace public et ce qu’elle véhicule.
On pense à cette phrase d’Edgar Szoc : « Ce n’est pas tellement qu’“on” ne puisse plus rien dire, c’est surtout qu’“on” n’est plus tout seul à parler. » Retour à la dialectique.
Laure Murat, Qui annule quoi ?, Seuil (Libelle), 2022, 41p., 4,50€
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Nouvelles morales, nouvelles censures
Si vous voulez savoir à quels reproches répond le livre de Laure Murat, et ce que n’aiment pas les gens qui crient à la « cancel culture », même si Pierrat n’utilise pas ce terme (son livre date de 2018). Un condensé des poncifs en la matière : séparer l’homme de l’artiste, présomption d’innocence, ségrégation raciale anti-blanc…
Emmanuel Pierrat, Nouvelles morales, nouvelles censures, Gallimard (Nrf), 2018, 160p., 15€
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Historiciser le mal, une édition critique de Mein Kampf
Avec ses plus de 2 kg, cette édition critique et contextuelle décortique pas à pas, « idée » après idée, les pages de Mon Combat écrit par Adolf Hitler en 1924 et 1925. Dans cette nouvelle traduction, à chaque chapitre son introduction, à chaque paragraphe son analyse, rien n’est laissé à une interprétation erronée du texte. « En définitive, l’appareil scientifique inclus dans Historiciser le mal est deux fois plus volumineux que la traduction du texte de Hitler. » Tous les bénéfices de la vente seront reversés à la Fondation Auschwitz-Birkenau.
Florent Brayard (dir.) et Andreas Wirsching (dir.), Historiciser le mal, une édition critique de Mein Kampf, Fayard, 2021, 100€
RAYONNAGE Par Tamara Hannay et Michel Recloux
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Une nécessaire prise de distance