Anthropocène, un monde au sein duquel violence et égoïsme dominent.
On est foutu on mange trop…
Ai-je encore des raisons de croire, d’espérer, de m’accrocher à la vie ?
73 ans, j’ai l’âge et le temps de méditer et d’agir.
Une formation de base minimaliste mais enrichie par ce que j’ai vécu et acquis dans un mouvement de jeunesse, au parti communiste et en franc-maçonnerie.
Mes valeurs fondamentales : respect, tolérance, écoute et bienveillance.
Un jour ma petite-fille m’a demandé : « as-tu quelque chose à me transmettre… avant que le monde explose ? »
Je ne sais pas si on pourra sauver le vivant de ce monde au bord de l’effondrement.
Y a-t-il encore des raisons d’espérer au regard de l’histoire du monde ?
Faut-il changer le monde ou changer l’être humain ?
Voici, ma chérie, quelques éléments qui m’aident à ne pas sombrer dans la désespérance.
Les guerres, les crises du xxe siècle et celles d’aujourd’hui n’ont pas terni mon bonheur de vivre.
Au contraire, elles ont nourri mes résistances, mes contestations, mes réflexions, mes colères, mes actions… ma soif de combattre, là où je pouvais, contre l’iniquité, l’intolérance.
Chaque jour, des choses, des émotions me bousculent : un SDF, des amoureux sur un banc public, une certaine insouciance à la fois rassurante et interpellante, des violences de toute sorte.
Ma dopamine ?
La recherche du beau, du juste, du bien et du bon.
L’esprit de révolte et d’indignation est nourri par une dominante : l’exploitation de l’homme par l’homme.
La nausée face à la pensée unique.
Je suis à l’écoute du monde au travers des médias avides d’audimat et de sensationnalisme (pas tous, heureusement !), au service de l’idéologie dominante.
J’ACCUSE le capitalisme et son système de production/consommation, le « modèle » de l’économie de marché.
Les décideurs politiques et économiques de ce système devraient être réduits à l’inaction.
Ils sont indifférents ou complices de ce système.
Je suis sidéré par les coups portés à la santé de notre Terre : ce monde est gangrené par les dégâts causés par le système économique dominant, avec quelques doses de greenwashing pour calmer le jeu.
Je suis stimulé et motivé grâce au travail en groupe, par le besoin d’observer, comprendre, réfléchir et agir.

Il y a des personnalités, des anonymes qui résistent ou nous livrent des idées novatrices.
Tout cela me donne du bonheur à exister et continuer le combat là où je peux.
Mes espoirs ?
Je rêve d’une révolution poétique, politique et philosophique.
La complexité bien réelle du monde est trop souvent évoquée pour nous faire croire qu’il n’y a pas d’alternatives.
« La sagesse suprême, c’est d’avoir des rêves assez grands pour ne pas les perdre de vue pendant qu’on les poursuit. » (Francis Scott Fitzgerald)
Cette pensée ambitieuse a aussi inspiré Oscar Wilde et William Faulkner et me permet de garder le cap.
C’est la passion qui me fait bouger : elle est alimentée en permanence par les images du monde.
Il y a de quoi s’émerveiller, mais aussi de quoi pleurer.
La boîte à souvenir des luttes, des engagements, avec ses réussites et ses échecs.
Les réalisations individuelles ou collectives qui montrent la bonté, la justice, une certaine solidarité.
Des livres, des références fondent mon espoir que tout n’est pas perdu :
La paix ça s’apprend, coécrit par David Van Reybrouck et Thomas d’Ansembourg. Pour eux, le constat est clair : la paix se prépare et se construit à l’intérieur de nous-mêmes et dans nos structures sociales.
Entretiens sur le matérialisme dialectique (Éducation populaire, 1973), de Bob Claessens : auteur formateur, avocat communiste et critique d’art. Un peu désuet aujourd’hui, il permet cependant de comprendre les lois fondamentales et immuables qui régissent l’univers.
Il y a tant de choses à faire…
Des thématiques qui seront toujours à l’ordre du jour car tout change, tout bouge, même si l’Histoire semble parfois bégayer :
l’égalité des ressources et des moyens de vivre (et non pas survivre) dignement ;
la résolution des conflits par le dialogue (de toute évidence la violence est contre-productive) ;
C’est avec les gens qu’il faut coconstruire : avec ce qu’ils sont ici et maintenant, au lieu de leur donner des leçons
faire vivre et développer le principe démocratique.
C’est avec les gens qu’il faut coconstruire : avec ce qu’ils sont ici et maintenant, au lieu de leur donner des leçons.
Pour alimenter ma réflexion : la diversité des sources est un avantage, leur quantité et leur crédit un inconvénient d’où la nécessité de travailler en groupe !
Pouvoir contribuer à construire un monde plus beau, plus juste, plus libre… apporter ma petite pierre à un édifice qui ne sera jamais terminé, sauf si le monde s’écroule. Ce qui marque un individu, c’est le chemin parcouru.
J’aime l’idée de l’anarchie comme principe de fonctionnement.
À mes yeux, ce n’est pas une idée qui mène au chaos.
Ce n’est pas une idée extrémiste, même si la Loi organique des services de renseignement et de sécurité du 30 novembre 1998 dit le contraire.
Mes espoirs ? Travailler pour persuader l’opinion.
Il est tout-à-fait imaginable de vivre dans la sobriété et d’être heureux.
L’idée de complexité nous est souvent servie pour effrayer, pour faire croire qu’il n’y a pas d’autres alternatives.
Il n’y a pas (sinon, ça se saurait !) un modèle de société acceptable et applicable de manière invariable sous toutes les latitudes.
Je ne crois pas que l’on puisse tout résoudre, même si certains affirment que les moyens existent : il suffit de les prendre aux riches !
La richesse du système est condamnée par l’épuisement des ressources naturelles.
La richesse est celle que l’on possède chacun·e à l’intérieur de soi.
Le « bien vivre ensemble » est vecteur de bonheur.
J’aimerais que chaque être humain puisse à sa manière devenir un « cracs » (devenir et rester un citoyen responsable, autonome, critique et solidaire).
Bien sûr, la vie n’est pas un long fleuve tranquille : elle est cyclothymique, alternant des épisodes d’exaltation et des instants de tristesse à des moments imprévisibles en faits et en durées.
Il y a des lectures, des mouvements qui empêchent la résignation.
Mais ça ne suffit pas : il faut empêcher les responsables, les maîtres du monde de continuer à nuire, même si l’anonymat est souvent de mise au sein du capital financier.
Et parfois une idée « saugrenue » me revient à l’esprit : prendre en otage les gars du G20 à Davos, trouver des « hackers » pour assassiner les bourses.
Ma chérie, je te dis tout cela, mais laisse-toi guider par ce que tu découvres en toi et par tes propres valeurs que, j’espère, tu trouveras dans les valeurs que j’ai tenté de te transmettre : le respect, l’esprit critique, et tout ce que tu puiseras encore dans ton existence, dans la vie…