On s’aime parce qu’on refuse de devenir étrangers à nous-mêmes, parce qu’on croit que nos valeurs, nos combats, nos espérances méritent d’être portés. On tient parce qu’au bord de l’effondrement, il reste toujours une étincelle : un regard qui nous relève, une idée qui nous anime, un futur qu’on veut écrire. Et c’est dans ces raisons, parfois infimes mais essentielles, que réside la force de se relever et de continuer à croire.
Croire est un acte de courage. Croire, c’est oser rêver l’impossible quand tout semble perdu. C’est s’indigner face à l’inacceptable, s’engager malgré les doutes, transmettre même quand le monde vacille, et surtout, refuser d’abandonner l’idée qu’un futur de justice, d’humanité et de dignité puisse encore triompher. Croire, c’est résister à l’érosion de l’espoir et devenir soi-même un fragment de cet avenir qu’on espère construire.

Croire à demain
Il y a une étoile dans le ciel de nos sociétés. Une lumière fragile et vacillante, mais une lumière qui ne cesse de briller, que l’on pourrait nommer « démocratie ». Au regard de l’évolution de notre monde, je me demande souvent : et si elle venait à s’éteindre, que nous resterait-il ? Serait-ce une nuit noire et profonde, un gouffre silencieux où se perdraient nos espoirs, nos luttes, nos liens ? Ou aurions-nous la force, ensemble, de rallumer une autre flamme ?
Cette question n’est pas une abstraction. Elle est une urgence, un défi quotidien.
Je crois en la démocratie parce qu’elle est plus qu’un système politique. Elle est un souffle, un élan, un pacte fragile mais précieux entre des inconnus, un engagement silencieux pour construire un projet commun. Elle repose sur quelque chose d’aussi banal qu’extraordinaire : la confiance. Et cette confiance, bien sûr, est mise à mal. Chaque jour, je ressens la lassitude, le doute, la colère. Mais au-delà de cette obscurité, quelque chose me tient. Quelque chose nous tient.
Le fil tendu de la démocratie
Il y a des instants où la force de la démocratie se révèle dans sa plus grande vulnérabilité. Je me souviens de tant de rencontres au cours des derniers mois, des dernières années. Des réunions, des discours, des manifestations. Quelque part dans un village ou au milieu d’une grande ville. Sous un soleil de plomb, sous la pluie, dans une école ou dans un salon feutré au contact de sympathisants, d’opposants, de politiques, d’incompris… Des citoyens… Jeunes ou moins jeunes. Chaque lieu, chaque visage portait son lot d’espoir, d’inquiétude, ou parfois de colère.
Dans ces moments, au cœur des regards tendus et des désaccords parfois vifs, une vérité éclate toujours : la démocratie est cet espace unique où l’on choisit de parler, d’écouter, où l’on accepte de se confronter, de rester. Pas par facilité, mais par conviction. Elle n’existe que parce que, envers et contre tout, des voix continuent à se rencontrer.
Croire est un acte de courage
C’est un fil tendu, fragile, entre ceux qui nous ont précédés et ceux qui viendront après nous. Chaque génération décide de le renforcer ou de le laisser s’effilocher, se rompre. Et nous ? Que faisons-nous de ce lien si précieux ?
Nous sommes, chacun à notre manière, les tisseurs d’une histoire commune. Chaque parole, chaque geste, chaque débat est une maille ajoutée au grand tissu de la démocratie. La question est simple : oserons-nous renforcer ce fil pour qu’il traverse le temps, ou le laisserons-nous se déliter dans l’indifférence ?
Les liens humains, notre force pour tenir
Quand tout semble perdu, ce sont les liens humains qui nous maintiennent debout. Un sourire, un regard, une main tendue… Parfois, de petits gestes suffisent à nous rappeler que nous ne sommes pas seuls.
Nous vivons une époque où la tentation de la rupture est forte. La défiance, la polarisation, les discours simplistes nous attirent parce qu’ils promettent de rompre avec le désordre apparent. Mais cela masque une vérité : la démocratie est un travail lent, imparfait, mais essentiel. Elle exige que nous restions soudés, même lorsque c’est difficile. Surtout lorsque c’est difficile !
Protéger la démocratie, c’est un acte d’amour. C’est croire que, malgré tout, il y a quelque chose en nous qui vaut la peine d’être sauvé. C’est refuser de céder à la peur et au cynisme. La résilience démocratique n’est pas une évidence, c’est un choix. C’est dire : je refuse d’abandonner.
Cela commence par des gestes simples : écouter une voix dissonante, tendre la main à celui qui se sent exclu, rappeler que la diversité est toujours une immense richesse. Ce ne sont pas des actes héroïques. Mais ce sont des actes indispensables. Ensemble, ils tissent cette force collective qui nous permet de traverser les tempêtes.
Un serment pour l’avenir
À vous qui lisez ces lignes, je vous pose cette question : quel sera votre geste pour la démocratie ? Que ferez-vous pour tenir ce fil, pour raviver cette étoile ?
Je crois en un serment, un engagement partagé. Nous promettons de défendre cette lumière. Nous promettons de transmettre le feu. Nous promettons de croire, même lorsque tout semble perdu, surtout lorsque tout semble perdu.
Car croire, c’est déjà agir. Et agir, c’est déjà changer le monde.