C’est ça, l’immigré·e, bien sûr !

Par Karim Brikci

© Dominique Botte / Krasnyi Collective

Chaque jour, des milliers de personnes dorment à la rue, des milliers de collègues perdent leurs emplois, des milliers de travailleur·euses à bas salaire sont encore plus mis·es sous pression, des milliers d’individus perdent la vie sous les bombes, des milliers d’âmes agonisent, de faim ou de froid, des milliers périssent sous l’eau ou sous la boue, et la liste est encore longue… En guise de (quasiment) unique réaction à cette situation insupportable pour bon nombre d’entre nous, une armée d’hommes (et de femmes) politiques ainsi que d’éditorialistes ont trouvé leurs boucs émissaires. Comme par le passé, ces boucs émissaires sont les plus faibles, les plus précarisés. Les victimes de la liste de la honte énoncée ici sont ainsi quotidiennement pointées du doigt par l’élite politique et économique de la société. Celles et ceux qui seraient précisément censé·es trouver des solutions pour toutes ces victimes d’un capitalisme profondément malade se pourfendent pourtant dans une logique de stigmatisation, celle-là même qui a produit les pires horreurs dans l’Histoire. La leçon tirée collectivement après la victoire de la résistance sur le nazisme, défendue pendant des décennies par le mouvement ouvrier organisé, avec un soutien, hypocrite, d’une classe dominante effrayée par la colère sociale, s’estompe à une vitesse alarmante. Aujourd’hui, celles et ceux qui luttent contre ces inégalités insoutenables sont criminalisé·es, réprimé·es, voire sont, jusqu’à un certain point, pointé·es du doigt comme les intolérant·es.

Nos idéaux nous offrent la seule perspective viable pour l’humanité

Ce cri de colère sur le contexte qui est le nôtre ne doit pas susciter de défaitisme. Malgré ces journées difficiles pour toutes celles et ceux pour qui la solidarité, l’empathie et l’égalité sont des mots qui ont du sens (et nous sommes nombreux.euses), il faut noter que nos idéaux nous offrent la seule perspective viable pour l’humanité. Tenons-nous par le bras, prenons la rue, militons, crions et organisons-nous afin de repousser à jamais les idées d’extrême droite, là où elles ne resurgiront plus jamais. Je vous laisse choisir l’endroit. D’ici là, renouons avec les meilleures traditions du mouvement social, notre histoire consciemment occultée depuis des décennies par celles et ceux qui nous dirigent. L’histoire des combattant·es de notre classe sociale est une source d’espoir, de motivation et d’expériences que la lutte peut nous faire gagner. Récupérons notre mémoire !

« Le vieux monde se meurt, le nouveau est lent à apparaître, et c’est dans ce clair-obscur que surgissent les monstres. » (Antonio Gramsci)

© Dominique Botte / Krasnyi Collective
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