2024, année électorale, année pivot ?

Par Julien Paulus rédacteur en chef

Le présent numéro ambitionne de prêter ses colonnes aux voix citoyennes, aux doléances populaires, aux propositions et exigences de changement, patiemment récoltées dans le cadre d’un projet intitulé « Porte-Voix », mené par plusieurs collègues des Territoires de la Mémoire depuis le printemps 2023. En dix mois, ils ont ainsi recueilli 1 362 exigences de citoyens et citoyennes de tous âges et de toutes origines, qui furent analysées, classées, et préparées pour être portées à la connaissance du plus grand nombre, acteurs politiques compris.

C’est que l’année 2024 est une année particulière. En Belgique, elle marque l’alignement parfait des calendriers électoraux et verra dès lors les citoyens se déplacer pour voter pour l’ensemble des niveaux de pouvoir, si nombreux dans notre pays. De l’échelon communal à l’échelon européen, ce ne sont pas moins de cinq scrutins qui devront se tenir, en juin puis en octobre de cette année. Dans cette perspective, les sondages qui se succèdent, indiquant une écrasante victoire au nord du pays du Vlaams Belang1, suivi de près par une N-VA apparemment inoxydable2, contribuent à susciter inquiétude et malaise quant aux lendemains de ce round électoral total.

Mais la Belgique n’est pas la seule concernée par l’incertitude des urnes. Comme l’écrivait en décembre le Time Magazine : « 2024 n’est pas seulement une année électorale. Elle est probablement l’année électorale ultime3. » Pour s’en convaincre, il suffira de mentionner que, cette année, un peu plus de la moitié de la population mondiale sera concernée par des élections, dans 64 pays auxquels il faut ajouter l’ensemble de l’Union européenne. Et parmi ces pays, plusieurs acteurs majeurs, tant par leur importance géopolitique que par la taille de leur population, figurent en bonne place. Citons, entre autres, Taïwan, qui ouvrait le bal en janvier et a élu à la présidence le candidat partisan de l’autonomie de l’île, les élections législatives au Pakistan en février (plus de 220 millions d’habitants), les législatives en Iran et la présidentielle en Russie au mois de mars. Mais aussi des élections présidentielles en Afrique du Sud, au Mexique, au Venezuela, en Algérie, en Tunisie, en Éthiopie ; des législatives en Corée du Nord et Corée du Sud, Afrique du Sud, Inde (plus d’un milliard d’habitants). Sans compter des scrutins incertains en Palestine et en Ukraine. Et, last but not least, la présidentielle aux États-Unis.

Autant dire qu’il est fort possible que le monde de 2025 présente un tout autre visage que celui de ce début de 2024. Lequel ? Bien malin celui qui arrivera à décrypter les doléances de plus de 4 milliards de personnes… 

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