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Bartleby, le scribe. Une histoire de Wall Street
« « Bartleby, (…) promettez-moi que d’ici un jour ou deux, vous allez commencer à vous montrer un petit peu raisonnable : promettez-le-moi Bartleby. – Pour le moment je préfèrerais ne pas être un petit peu raisonnable », fut sa réponse, douce comme un cadavre. »
Un texte du 19e siècle qui nous rapporte bien un certain esprit du sabotage, un mode d’action tout simple, aux allures modestes et accessibles, mais diablement désarmant, ou comment dire presque oui et presque non. Un imparable « I would prefer not to… », à tester à l’envi…
Herman Melville, Bartleby, le scribe. Une histoire de Wall Street, Éd. Allia, 2021 (1ère publication en 1853)
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« Chaque geste compte » Manifeste contre l’impuissance publique
« Jamais la puissance publique n’aura à ce point démissionné devant les enjeux vitaux, pour aujourd’hui et pour demain. »
Ramassé en 60 pages, le constat sur la crise environnementale par un philosophe spécialiste de l’environnement et un historien de l’Allemagne et de la modernité occidentale. En résumant sans appel le désastre écologique dans lequel nos États s’enferrent, animés qu’ils sont d’une pensée « illimitiste », les deux auteurs fustigent le discours d’impuissance publique mais plus encore le « sabotage de la vie » (et de la démocratie) dans lequel s’obstinent nos dirigeants politiques au mépris du temps qui passe et des populations qui ont et auront à en subir les conséquences. Qui sont donc les saboteurs ?
Dominique Bourg et Johann Chapoutot, « Chaque geste compte » Manifeste contre l’impuissance publique, Coll. TRACTS, Gallimard, 2022
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Comment saboter un pipeline
« À quel moment nous déciderons-nous à passer au stade supérieur ? »
Un livre comme une claque qui déploie un propos vigoureux, documenté et radical sur l’activisme dans le cadre de la crise environnementale, amenant notamment la réflexion sur la question du respect de la propriété privée et de l’usage (ou non) de la violence dans les mouvements militants, rappelant à cet égard que les luttes historiques (suffragettes, luttes pour les droits civiques) prises en exemples par de nombreux collectifs d’activistes ont pu profiter de franges plus radicales qui agissaient à leur marge et dont l’action à conduit à faire entendre les revendications. Un propos qui par ailleurs rappelle l’État à ses responsabilités et les (ultra-)riches à leur « capacité inégale à polluer », contrebalançant ainsi les discours de « sobriété » imposée qui plongent des populations entières dans l’anxiété et la culpabilité.
Un livre pour « rompre le charme » et « combattre le désespoir », un livre d’intérêt public !
Andreas Malm, Comment saboter un pipeline, Éd. La Fabrique, 2020
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Histoire du sabotage. I. Des traîne-savates aux briseurs de machines
Si on peut faire remonter les actions de sabotage à une vieille humanité, c’est sans doute qu’elles se sont développées au rythme de la mise en place d’instruments de pouvoir et d’outils de mesure, de contrôle et d’exploitation… C’est en tout cas ce que tente de retracer rigoureusement Victor Cachard, dans un livre au propos tant historique que politique et philosophique sur les structures de domination. En passant par la Mésopotamie avec le passage à l’écriture comme méthode de comptabilité, le Moyen Âge avec l’invention de l’horloge et de la mesure du temps de travail, mais aussi au travers de l’édification de dispositifs architecturaux qui militarisent les territoires, il remonte progressivement jusqu’à notre époque et nous dépeint « la résistance du corps à sa mécanisation », nous offrant au passage une définition fouillée du sabotage et de nombreux exemples.
Le 2e tome sort en ce joli mois de mai…
Victor Cachard, Histoire du sabotage. I. Des traîne-savates aux briseurs de machines, Éd. Libre, 2022
RAYONNAGE Par Gaëlle Henrard
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