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Le mot de la présidente (72)

Par Dominique Dauby

Elles et ils squattent des immeubles inoccupés ; construisent et entretiennent bénévolement des potagers urbains, accessibles gratuitement ; choisissent, en glaneurs et glaneuses des temps modernes, de se nourrir dans les poubelles des grandes surfaces ; tagguent les publicités sexistes ; animent/participent à des ateliers philo, des cafés politiques, défilent en parade joyeuse dans les rues de Bruxelles pour clamer leur soif de tout autre chose, acteurs et actrices des temps présents en quête d’autres lendemains.

Dominique Dauby

Une part importante de celles et ceux qui manifestaient dans les rues de Bruxelles pour la grande parade de « Tout autre chose » s’affichait clairement comme « non affiliée ». Syndicats, organisations de jeunesse, partis politiques, mouvements citoyens ne sont pas leurs références ; les lendemains qui chantent, sur base de recettes concoctées sans leur participation active, ils et elles n’y croient pas.

Mais une autre part, aussi importante, des manifestant/es ce jour-là s’identifiait comme syndicaliste, engagée politiquement, active dans l’un ou l’autre mouvement d’éducation permanente. Des femmes et des hommes convaincu/es par l’action collective et prêt/es à questionner leur manière de penser, de travailler.

En Europe du Sud et en Afrique, par exemple, la jeunesse, majoritaire dans la population en général et parmi les exclus en particulier, se mobilise. Des centres de santé où professionnel/les et habitant/es des quartiers prennent leur destin en mains dans les villes de Grèce ; des communautés de jeunes agriculteur/trices unissent leurs forces pour l’accès à une alimentation saine ; le Balai citoyen burkinabé ou le mouvement YEAM (Y en a marre) au Sénégal ; autant de mobilisations en marge des structures traditionnelles de représentation… qui appellent clairement la classe politique à prendre ses responsabilités.

Sont-ce les formes d’engagements qui changent ou la volonté de les articuler se fait-elle plus grande ? Il y a en tout cas intérêt à croiser les points de vue : des chercheuses du FMI mettaient en lumière récemment que l’affaiblissement des syndicats dans les pays de l’OCDE s’accompagnait d’une hausse des inégalités salariales.

Au Nord comme au Sud, le manque d’articulation serait avant tout préjudiciable aux peuples… à l’issue de la Deuxième Guerre mondiale, c’est également ce que mettait en avant le Conseil National de la Résistance.