4e de couv

Pour­quoi croyons-nous ce que nous croyons et reje­tons ce que nous ne croyons pas ? Qu’est-ce qu’une fake news ? Qu’est-ce qui pousse à leur créa­tion et à leur dif­fu­sion ? Quels sont les biais cog­ni­tifs qui nous y rendent sen­sibles ? Et, sur­tout de quelle(s) manière(s) lut­ter contre la dés­in­for­ma­tion ? Fran­çois Debras pro­pose un tour de la ques­tion, clair et synthétique.

Liber­té, j’écris ton nom, 2023

Écrit dans les années 70 par l’auteur de réfé­rence du muni­ci­pa­lisme liber­taire, ce livre, sous-titré Les années héroïques (1868-1936), démontre que l’anarchisme n’est pas qu’une uto­pie mais bien un ave­nir réa­liste per­met­tant aux indi­vi­dus de vivre digne­ment en toute auto­no­mie. 68 ans de réa­li­sa­tions liber­taires dans tous les aspects de la vie quo­ti­dienne. « On peut dif­fi­ci­le­ment relé­guer les anar­chistes espa­gnols aux oubliettes de l’histoire, car les enjeux qu’ils ont sou­le­vés ont gar­dé toute leur per­ti­nence […] : leur idéa­lisme, leur atta­che­ment à des prin­cipes et leur mili­tan­tisme sont des traits dont a cruel­le­ment besoin une gauche contemporaine. »

Lux, 2023

Sous-titré Sur les chan­tiers de l’adaptation de nos ter­ri­toires, cet extrait de la pré­face d’Hélène Pes­kine est plus qu’une invite à s’approprier ce livre qui « per­met de se repré­sen­ter les moyens d’agir […] au plus près du ter­rain. Des ima­gi­naires alter­na­tifs, posi­tifs, sti­mu­lants, qui jettent les bases d’un rap­port nou­veau aux ter­ri­toires, plus res­pec­tueux, plus doux, plus aimable. Face aux menaces qui peuvent téta­ni­ser, aux incer­ti­tudes qui font hési­ter, cet ouvrage est salutaire »

Apo­gée, 2024

Il s’agit d’une antho­lo­gie des textes de pays arabes (Machrek et Magh­reb) écrits entre 1920 et 2011 par divers « pro­duc­teurs » d’idéologie (reli­gieux, intel­lec­tuels, mili­tants…). Cette antho­lo­gie per­met de se rendre compte du glis­se­ment poli­tique de la gauche à l’islam puis au libé­ra­lisme, et de voir com­ment ces idées sont mobi­li­sées dans les luttes. Quatre thèmes : les fron­tières de l’oumma, l’exercice du pou­voir poli­tique (auto­ri­taire), l’économie et enfin l’autocritique. Pour public curieux.

CNRS, 2022

Pre­mière tra­duc­tion fran­çaise de ce clas­sique de l’anthropologie publié en 1982 en langue anglaise et qui a pour objec­tif de racon­ter l’histoire du monde en dehors d’une vision euro­cen­trée et de pen­ser l’expansion colo­niale depuis le XV^e siècle. Il est d’ailleurs sous-titré « Un nou­veau récit de la colo­ni­sa­tion du monde ». Il ana­lyse les rap­ports de domi­na­tion qui se jouent à l’échelle des popu­la­tions locales mais aus­si l’impact du capi­ta­lisme sur la for­ma­tion des classes ouvrières et de leurs migra­tions. Une brique pour public académique.

Éco­so­cié­té, 2023

Le conflit israélo-palestinien paraît inso­luble. L’actualité ren­force d’ailleurs ce sen­ti­ment ! Pour­tant, Michel Stas­zews­ki œuvre ici à contre­car­rer ce puis­sant fata­lisme. En effet, selon cet his­to­rien, le conflit est tout à fait explicable…et peut donc être réso­lu. Il invite le lec­teur à se replon­ger dans l’histoire longue de la région pour com­prendre la situa­tion actuelle. Par un point de vue situé et assu­mé – mais mobi­li­sant la rigueur métho­do­lo­gique de l’historien – l’auteur décons­truit les mythes véhi­cu­lés par l’idéologie sio­niste, pointe les effets désas­treux des poli­tiques israé­liennes suc­ces­sives, tout en désa­mor­çant les pré­ju­gés à l’encontre de la com­mu­nau­té juive, et en dénon­çant les silences de la com­mu­nau­té inter­na­tio­nale. Com­prendre pour avoir plus de prise sur les choses !

Ceri­sier, 2023

Dans cette BD dys­to­pique, Bona­ven­ture nous emmène à Kos­mo­grad, ville refuge diri­gée par Kos­mo, une socié­té trans­na­tio­nale dic­ta­to­riale, dans un monde rava­gé par les dérè­gle­ments cli­ma­tiques. À la veille d’une tem­pête catas­tro­phique, le seul espoir de l’humanité semble être l’ascenseur orbi­tal don­nant accès à une arche spa­tiale réser­vée à une élite. Mais trois jeunes femmes, Evane, Zoya et Paouk, entrent en pos­ses­sion de don­nées secrètes pou­vant per­mettre à la résis­tance de récu­pé­rer l’accès à l’arche. Une BD captivante !

Cas­ter­man, 2023

le 1 heb­do, vous connais­sez ? Il s’agit d’un heb­do­ma­daire fran­çais crée en 2014 qui « traite chaque semaine une grande ques­tion d’actualité à tra­vers les regards d’écrivains, de cher­cheurs, de phi­lo­sophes ou d’anthropologues, et aus­si d’artistes, poètes, d’experts et d’illustrateurs ». Par­mi ces der­niers, il y a la rubrique phare du des­si­na­teur Jochen Ger­ner. C’est elle que Cas­ter­man a choi­sie pour « ouvrir une fenêtre » sur le 1. Pour la troi­sième fois, l’éditeur sort un recueil de ce tra­vail, soit 132 planches d’illustrations de 3 années tumul­tueuses (2020-2023). Le panel de thé­ma­tiques est large, et Ger­ner, par son sens de la syn­thèse, redonne de la den­si­té à l’information, tout en maniant humour et inventivité.

Cas­ter­man, 2024

Régis Hau­tière et Har­doc conti­nuent à déployer tout l’univers de leur série BD. Après avoir sui­vi les aven­tures de Lucien, Lui­gi et Luce, cet album nous emmène sur les traces d’un autre membre de « la bande des Lulus » : Lucas. Celui-ci a dis­pa­ru dans le contexte de fin de guerre, et sa bande d’ami·e·s tente de le retrou­ver… La paru­tion de cet opus en novembre 2023 a été conco­mi­tante de la sor­tie au ciné­ma d’une pre­mière adap­ta­tion des Lulus.

Cas­ter­man, 2023

Dans ce troi­sième tome auto­bio­gra­phique, nous conti­nuons à suivre la des­ti­née sinueuse de Luce Minet. Dans le sillage de Mai 68, la mili­tante de gauche radi­cale désire se rap­pro­cher du milieu ouvrier. Elle suit l’eau et fait d’abord escale dans la Char­le­roi indus­trielle… puis accoste à « Seraing la Rouge » en bord de Meuse, qu’elle ne quit­te­ra plus. En effet, son immer­sion dans les quar­tiers popu­laires, et l’adoption par sa tri­bu de cœur, contri­bue­ront à la for­ger dura­ble­ment. Les dés­illu­sions et les échecs n’éteindront jamais les braises de la révolte, quitte à jouer les francs-tireuses, et à explo­rer d’autres voies poli­tiques pour trans­for­mer le monde, sans oublier de culti­ver la mémoire de cette vie col­lec­tive bouillon­nante. Une alchi­mie qu’elle entre­tient avec son com­pa­gnon, Michel Nejs­za­ten, com­mu­niste et petit fils de résis­tants juifs, dont le par­cours est pré­sen­té en miroir dans ce livre.

Autoé­di­tion, 2023

« Nous, les femmes »… cette énon­cia­tion a une por­tée uni­ver­sa­liste, et pour­tant ses écueils se font vite sen­tir. Une intui­tion qui a pous­sé Mara à écrire ce livre dans lequel elle ambi­tionne de faire de la phi­lo­so­phie fémi­niste une voya­geuse. À savoir faire voya­ger les théo­ries, assu­mer et confron­ter les polé­miques phi­lo­so­phiques, mais aus­si recher­cher les points de contact, notam­ment en se repo­sant sur des luttes concrètes. Par­mi celles-ci, les expé­riences mili­tantes sud-américaines sont pré­cieuses, car elles per­mettent d’actualiser les débats sur les enjeux d’écoféminisme, déco­lo­niaux et anti­ca­pi­ta­listes. Cette approche est enthou­sias­mante, car elle décloi­sonne le fémi­nisme euro­cen­tré et visi­bi­lise les par­ti­cu­la­rismes tout en recon­sa­crant le poten­tiel de chan­ge­ment du fémi­nisme au niveau mondial.

Diver­gences, 2023

C’était en 2015. Edgar Gun­zig reçoit une pho­to par la poste. Une image de son papa, Jacques, alias « Dol­ly », assas­si­né dans le camp de Mau­thau­sen en 1942. Un his­to­rien espa­gnol a exhu­mé cette archive (voir l’ouvrage Le pho­to­graphe de Mau­thau­sen de Beni­to Ber­me­jo). La décou­verte va bou­le­ver­ser Edgar et sus­ci­ter chez lui une envie irré­pres­sible de savoir qui fût cet homme dont il ne connais­sait la vie que par bribes. Avec son épouse, ils vont remon­ter le temps et ten­ter d’écrire le récit de vie de Dol­ly, juif com­mu­niste, com­bat­tant répu­bli­cain, résis­tant avec l’Orchestre rouge. Un tra­vail mémo­riel dans lequel dia­loguent petite et grande histoire.

Lami­roy, 2023

Char­line Lam­bert est poète, essayiste et chro­ni­queuse. Elle rejoint ici la team
« Aven­gers » de la col­lec­tion « La Fabrique des héros » en pro­po­sant un livre sur un per­son­nage haut en cou­leurs de Mar­vel, le Doc­teur Strange. À l’image de son nom, nous décou­vrons au fil des pages le par­cours sin­gu­lier de cette figure de fic­tion, arché­type de la ratio­na­li­té occi­den­tale et de la science qui, suite à un trau­ma­tisme, va embras­ser le monde mys­tique et ses états de consciences mul­tiples. Une ana­lyse « culture pop’ » à lire assurément !

Les Impres­sions nou­velles, 2023

On reproche au para­digme iden­ti­taire et à l’intersectionnalité de des­ser­vir les luttes qui étaient à l’origine de leur créa­tion en se foca­li­sant sur des causes de plus en plus res­treintes. La démarche de Olúfẹ́mi O. Táíwò est de mon­trer que ce n’est pas tant le para­digme iden­ti­taire qui pose pro­blème que son ins­tru­men­ta­li­sa­tion par les élites, qui le vident de sa por­tée poli­tique. Il ne peut y avoir de lutte iden­ti­taire sans lutte des classes.

Lux, 2023

Rendre du sens – et de la force ! – aux mots, c’est l’objectif que s’est fixé la petite col­lec­tion « Le mot est faible » des édi­tions Ana­mo­sa. Comme en écho au livre de Olúfẹ́mi O. Táíwò, Étienne Penis­sat invite notam­ment à repen­ser le mot « classe » pour mieux réflé­chir ses rap­ports aux autres formes de domi­na­tion, comme celles de race et de genre.

Ana­mo­sa, 2023