Archives de l'Aide-mémoire>Aide-mémoire n°73

Le mot de la présidente (73)

Par Dominique Dauby

La nuit du 24 au 25 avril 1915, il y a tout juste 100 ans, l’assassinat d’intellectuels arméniens à Istanbul marqua le début d’un génocide qui vit disparaître près d’un 1 300 000 personnes.

Dominique Dauby

Dominique Dauby

En Turquie, aujourd’hui encore et depuis 100 ans, le terme de génocide est refusé par les autorités et poser la simple question de ce qu’étaient devenus les Arméniens de Turquie a coûté la vie au journaliste Hrant Dink en 2007.

Que plus de 100 000 personnes aient défilé dans les rues d’Istanbul en clamant « Nous sommes tous Hrant Dink, nous sommes tous des Arméniens » montrait alors que quelque chose bougeait peu à peu en Turquie.

Historien/nes, journalistes et autres intellectuel/les, bravant les interdits professionnels et autres emprisonnements, mettaient peu à peu en lumière une mémoire enfouie. Les un/es dévoilant une des conséquences du génocide et de sa négation : l’humiliation, la répression, l’exclusion, les assassinats, dont furent victimes d’autre minorités (kurde, grecque…) dans une impunité presque totale. D’autres révélant les conversions forcées et le placement dans des familles turques d’enfants arméniens dont la famille était déportée.

Les dénégations des autorités turques, depuis 1915, avec le soutien, au moins passif, de la classe politique internationale, rendent particulièrement difficile la recherche de la vérité, notamment parce que ces silences et dénégations ont entretenu les incompréhensions, les sentiments d’injustice pour les un/es, d’impunité pour les autres.

Il nous appartient de donner attention, soutien et visibilité aux femmes et aux hommes courageux qui entreprennent ce travail de mémoire. Travail indispensable à la construction d’un avenir commun et apaisé.

(Source : Vicken Chétérian, « Le génocide arménien et ses vies ultérieures » in Le Monde diplomatique – avril 2015)