Aventures du Général Francoquin au pays des Frères Cyclopus
Par Jean-Paul Bonjean
Quand la Bibliothèque George Orwell me suggère une lecture pour la chronique d’Aide-mémoire, tous mes sens sont en alerte ! Pour le surplus, quand elle me suggère une espèce d’ovni littéraire qui convoque des personnages travaillés à la façon des bédéistes avec un général franchement coquin qui ne jure que par « Mirde et Marde ! » et ne craint pas un certain burlesque ubuesque, je ne peux que docilement me plier à sa ferme volonté.
Mais l’œil toujours vigilant du bibliothécaire de la BGO veillera à ce que la dimension politique de ses amours littéraires ne soit jamais loin. Et donc, quelles leçons tirer de ces aventures pour le moins extraordinaires voire picaresques ou tout bonnement hyperboliques ? Tout d’abord qu’une saine anarchie ne messied pas au mécréant ! Les alliances que nouent et dénoncent les protagonistes baignent dans la légèreté des infidélités et des excès en tout genre.
Ensuite, il n’est pas dit que les raisons d’État l’emporteront sur les raisons du cœur. Et cela ne peut que nous réjouir. État, famille, armée, passés à la moulinette d’un fou littéraire, ne tiennent que très peu de temps en place. Toutes les formes de hiérarchie en prennent pour leur grade sans qu’une once de moralisme intempestif ne vienne atténuer notre plaisir.
Disons-le tout net, c’est renversant et l’on n’a pas de mal à croire qu’un Franz Bartelt en soit resté « sur le cul ». Des patronymes fabuleux, des dialogues particulièrement véloces et féroces et une narration faite de conquêtes, tactiques et stratégies nourrissent un horizon hénaurme pailleté d’humour, d’absurde et d’insouciance.
Joignez l’utile à l’agréable : lisez-le cet été !
Yak RIVAIS, Aventures du Général Francoquin au pays des Frères Cyclopus, 1967.
2015 pour la réédition au Tripode.