Archives de l'Aide-mémoire>Aide-mémoire n°70

Le mot de la présidente (70)

Par Dominique Dauby

Dans les années 80, les « Unes » de certains médias autant que celles de certains agendas politiques s’inquiétaient déjà du devenir de la « culture occidentale », menacée par la culture arabo-musulmane. Le monde associatif et syndical se mobilisait pour le droit de vote des immigré/es sous les grincements de dents : « Vous voulez une mosquée à la place de la maison communale, c’est ça ? »

Dominique Dauby

Les discours que nous lisons et entendons aujourd’hui, à quelques nuances près, ne diffèrent guère, ils ont même pris de l’ampleur. Et s’ils étaient l’apanage de l’extrême droite et de la droite extrême il y a trente ans, force est de constater que leur portée est bien plus large aujourd’hui d’une part, et que l’argumentation s’est affinée d’autre part, brouillant les repères.

Parallèlement à des politiques migratoires et d’asile extrêmement brutales qui alimentent peurs et fantasmes sans répondre à aucun des graves problèmes que soulève en effet le développement de réseaux mafieux organisant la traite d’êtres humains aux portes de l’Europe, la laïcité et le combat pour l’égalité entre les femmes et les hommes sont instrumentalisés, brandis comme un étendard par des organisations, partis, intellectuel/les que les conditions de vie des femmes étrangères ou d’origine étrangères dans les quartiers les plus défavorisés de nos villes n’avaient jamais perturbés.

Ne nous laissons pas piéger, ne nous soumettons pas aux slogans, aux discours réducteurs. Les femmes et les hommes de culture arabo-musulmane, nos concitoyen/nes, nos voisin/es ne sont pas des « taupes » de l’État islamique.

En cette année de commémoration de deux guerres mondiales abominables, nourries aussi par la stigmatisation et les discours manipulatoires, les Territoires de la Mémoire restent les acteurs d’une citoyenneté active et plurielle.